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Published on mars 2, 2023

Nouvelle PAC 2023 : vers un étiquetage généralisé des vins et produits vinicoles aromatisés

La nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) pour la période 2023-2027 instaure une obligation d’étiquetage pour la filière viticole. Les professionnels ont ainsi jusqu’à décembre 2023 pour afficher sur leurs étiquettes la composition de leurs crus.
Objectif ? Répondre à un besoin de transparence de la part des consommateurs et fiabiliser la production de la filière à l’échelle de l’UE. Cette nouvelle législation européenne se montre cependant flexible, autorisant les étiquettes dématérialisées.
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La fin du régime dérogatoire pour la filière vinicole

Un vent de réforme s’abat sur le vignoble français pour l’année 2023 afin de s’aligner sur la législation européenne. Jusqu’ici, la filière viticole avait réussi à échapper aux obligations d’étiquetage sur la composition de ses produits. En effet, les produits alcoolisés - tels que le vin, la bière, le cidre et les spiritueux - étaient, à date, les seuls produits agroalimentaires transformés et emballés non soumis à l’obligation d’affichage des valeurs nutritionnelles, énergétiques et de leurs ingrédients.
A partir du 8 décembre 2023, ce ne sera plus le cas et les professionnels du vin devront s’y conformer.
Hormis une nécessaire harmonisation du secteur à l’échelle européenne, l’objectif est de redonner confiance envers un secteur malmené par le réchauffement climatique, les risques de contrefaçons, les préoccupations de santé publique et le mouvement NOLO (nouveaux usages de consommation de boissons non alcoolisées ou à faible teneur d’alcool) porté par les jeunes générations autant que par la tendance du Dry January (janvier sans alcool).

Un affichage par QR Code autorisé

La loi ne se limite pas à un affichage physique des informations obligatoires : les professionnels peuvent également avoir recours à un QR code apposé sur la bouteille. Ce QR code imprimé peut alors apparaître sur l’étiquette, mais également sur la contre-étiquette, la collerette ou encore le médaillon de la bouteille de vin.
A charge pour les clients de la scanner en magasin et ainsi obtenir l'ensemble des informations requises sur une page web dédiée consultable depuis leur mobile. Outre le lieu et les méthodes de récolte et d’assemblage du raisin ou encore d’embouteillage, le consommateur peut également y consulter les informations nutritionnelles et la liste d’ingrédients.

Une flexibilité qui s’explique par la volonté du législateur d’éviter la surcharge d’information qui résulterait de l’emploi de contre-étiquettes ainsi que de ne pas complexifier inutilement la lisibilité de l’offre de vin pour les consommateurs.
Il faut dire que l’affichage électronique offre aux professionnels une souplesse inégalée.
Il facilite l’actualisation des informations ainsi que la gestion de matières sèches.
De plus, la digitalisation de l’étiquette rend la segmentation par marché plus facile, les professionnels pouvant varier les mentions en fonction de la langue et des obligations en vigueur dans chaque pays.
En revanche, les professionnels qui seraient séduits par l’e-label sont tout de même contraints d’afficher sur l’étiquette la liste des allergènes présents dans le vin.

Blockchain ou la confiance dans le vin décuplée et numérisée

Si le QR code facilite la lisibilité et l’accessibilité à l’information pour le consommateur final, la blockchain peut également fiabiliser l’information et ainsi les prémunir d’un risque de fraude comme les fausses étiquettes ou la contrefaçon de vins classés, véritable fléau pour la filière.
Et même les professionnels aguerris ne sont pas épargnés par des méthodes de plus en plus confondantes, du packaging à la robe en passant par la labellisation. Ainsi, Gavin Ger, directeur commercial et le codirecteur général de Laava, entreprise spécialisée dans la lutte contre la contrefaçon de produits viticoles a été trompé par une bouteille étiquetée Bordeaux Supérieur 2016. En dehors d’une dégustation désagréable, d’autres questions préoccupaient le professionnel. En effet, comme il le relate sur l’espace blog de son entreprise “un produit contrefait n’est soumis à aucun des contrôles de sécurité et de qualité alimentaire que nous considérons comme acquis.” La bouteille pouvait tout aussi bien contenir du vinaigre et des colorants alimentaires que des bactéries nocives voire pire.
En novembre 2021, l’organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) a d’ailleurs identifié la blockchain comme une “technologie à fort potentiel”.
Cette technologie décentralisée de stockage et de partage de données s’avère d’autant plus à propos qu’elle est à même de faciliter la mise en conformité des professionnels des vins et spiritueux avec la nouvelle réglementation PAC. Elle est une solution de gestion adaptée aux contraintes et aux enjeux de la supply chain, qu’il s’agisse de l’authentification que de la traçabilité des ingrédients voire même, au-delà : des emballages. De quoi renforcer la transparence des informations à destination des consommateurs finaux et regagner leur confiance.
La blockchain permet en effet de faciliter le suivi des raisins tout au long de la chaîne de valeur, du vignoble au verre de vin du consommateur. De plus, elle facilite également la mise en place d’audit digitaux, lot par lot et permet ainsi de retirer des bouteilles notamment en cas de contamination.
Proposant un niveau de transparence inégalée - tout en garantissant la confidentialité des données critiques - la blockchain permet de garantir l’authenticité, la provenance tout comme la composition de n’importe quel vin.
Elle recense ainsi les informations de production, RSE ou nutritionnelles d’un produit vinicole et les rend accessibles en un clic.
L’outil permet ainsi de restaurer la confiance autant que de s’assurer du respect du cahier des charges liés aux labels protégés tels que les vins AOP ou IGP.

En conclusion

La nouvelle loi PAC 2023 instaure une obligation d’affichage des valeurs nutritionnelles ainsi que de la composition du vin. Une mesure qui s'inscrit dans les grands défis que constituent la transition écologique prévue dans le Pacte Vert (Green Deal) européen ainsi que les systèmes agroalimentaires durables du point de vue économique, environnemental et social.
La commission européenne donne aux professionnels de la filière jusqu’au 8 décembre 2023 pour s’y conformer. Avec cette nouvelle mouture, les vins désalcoolisés sont également concernés. Cet affichage n’est pas obligatoirement physique et peut être digitalisé via un QR code. Pour gagner en efficacité et en protection, il est toutefois possible de recourir à la blockchain.

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by Paola Mangano

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